Les Chignons
Pour nous raconter un univers domestique, féminin et catholique, Geneviève Bergé choisit de s’affranchir des codes rigides du récit. Ni tout à fait roman, ni tout à fait autofiction, Les Chignons invite ses lecteurs et ses lectrices à se laisser happer par l’évocation de sensations, d’impulsions, d’élans qui travaillent un cœur de petite fille devenue jeune femme.
« Elles m’avaient dit, ne l’avaient pas dit, on relèvera tes cheveux, on les nouera, tu seras belle et ta nuque claire comme clairs les jours. Le crépuscule étendra sous tes fenêtres l’ombre du chien et l’ombre du loup, ils se traîneront en cortège à ta porte et le ciel se drapera de soies aux couleurs du sang des femmes. Le vent ouvrira ta chambre, il jettera des linges et du gravat sur tes draps. Le vent du soir emporte la plainte des chiens, il apaise la fierté des jeunes filles, dans le vent les draps dansent et tombent et brillent comme l’eau des étangs. »