Écrit sur un drapeau qui brûle
« Il y a en moi, depuis longtemps déjà, un personnage sceptique et désabusé, un personnage que j’ai maintes fois pendu aux réverbères multicolores que mon lyrisme allume la nuit, mais chaque fois le bougre parvient à se dépendre et se remet à marcher sur mes traces à la manière d’un philosophe ou d’un assassin. » Achille Chavée, 1948.
Impossible de brosser une histoire du surréalisme sans évoquer celle de La Louvière et de son légendaire poète Achille Chavée (1906-1969). Homme de convictions, inoubliable pour ceux qui l’ont côtoyé, il resta fidèle à la technique de l’automatisme qu’il s’appropria cependant de manière tout à fait personnelle. C’est probablement ce qui motive l’intérêt que portent aujourd’hui les jeunes générations à l’homme au béret, au «vieux peau-rouge», écrivant sur des cartons de bocks dans les bistrots nocturnes. Il n’est pourtant pas toujours aisé d’accéder à ses textes, disséminés de 1935 à sa mort dans une vingtaine de recueils publiés à faible tirage et pratiquement introuvables pour la plupart d’entre eux. La présente anthologie du poète, conçue et commentée par Gwendoline Morán Debraine, renoue avec celui qui, selon son vœu, jamais n’entrera à l’Académie. En séparant les poèmes des aphorismes, elle propose un parcours chronologique inédit au sein de l’œuvre de Chavée parsemée d’humour.